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Le
bricolage ? L’art du 21ème siècle
River son clou à l’art. Encore
peu étudié et pris en compte par les historiens, l’art
du bricolage suit sa route hors-modes, passionnant surtout les anthropologies
et les ethnologues. Le bricoleur est « celui qui œuvre avec
ses mains, en utilisant des moyens détournés par comparaison
avec ceux de l’homme de l’art » expliquait Claude Levi-Strauss
en 1962 déjà. Le bricoleur se crée un espace de liberté
détaché des conventions, dans lequel tout lui est permis.
Le bricolage (…) c’est une partie de sensibilité et
de poésie. Elle se joue en assemblant des éléments
hétéroclites ramassés ici et là. C’est
sous la plume de Claude Lévi-Strauss, ethnologue et anthropologue,
un des pères du structuralisme, que naît ce concept. En 1962,
alors qu’il fréquente le groupe surréaliste et notamment
André Breton, il publie « La pensée sauvage ».
Cet ouvrage deviendra une œuvre majeur de l’ethnologie contemporaine.
L’auteur fait là d’une pierre deux clous puisqu’il
jette également les fondements d’une théorie du bricolage.(…)
Ne s’improvise pas bricoleur qui veut. Il s’agit d’un
véritable parcours qui commence par l’acte de récupération.
On définit moins le bricolage par l’œuvre que par le
cheminement qui l’accompagne. Cet étrange personnage mi-épaviste,
mi-poète commence par récupérer au gré des
occasions tout un tas d’objets hétéroclites : résidus,
matières, fragments … Il collecte sans projets définis
: on se jamais, ça peut toujours servir. Il se crée un musée
du monde.(…) Ce n’est plus la valeur marchande qui prime.
L’importance de l’objet se mesure en termes de sensibilité.
La collecte et l’accumulation sont les premiers gestes créateurs
par lesquels un univers prend vie. (.. .) Le bricoleur va ensuite jouer
d’associations et d’analogies. Assembler, construire, déconstruire
et surtout dialoguer avec la matière. Dans son univers, les objets
deviennent ses interlocuteurs. Il collecte des « résidus
et des débris d’événements », «
témoins fossiles de l’histoire d’un individu ou d’une
société » explique Claude Lévi-Strauss. Il
dialogue alors avec la mémoire et avec l’histoire.(…)
Etre bricoleur est une manière de voir le monde , une manière
de savoir l’écouter. La famille des bricoleurs est immence
et difficilement définissable. Les créations sont très
variées et différentes.(…) Le bricolage résonne
aujourd’hui plus que jamais. Dans un monde jetable où tout
va très vite, certains prennent le temps de regarder. Ils arrêtent
la course à la consommation et sortent la poésie des poubelles.
Extrait du magazine Artension
N° 131 – Mai/juin 2015
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L'assemblage,
en lien avec la pensée sauvage ?
Pour
Serge Bouchard, anthropologue et écrivain canadien,
l’assemblage à un lien avec la pensée sauvage.
Contrairement à ce que l’on peut apprendre dans les livres
d’histoire de l’art, l’assemblage est une technique
qui a toujours existé. « Le phénomène de la
récupération, c’est la base même . C’est
la plus ancienne chose. Il n’y a rien de nouveau la dedans, c’est
la définition du bricolage. Vous savez le bricolage, c’est
la pensée sauvage. Claude Lévi-Strauss a écrit six
livres pour démontrer que la pensée sauvage, c’est
la pensée du bricoleur, c’est-à-dire mettre ensemble
des matériaux déjà existants, défaire des
matériaux, les remettre ensemble, ça vous donne l’art.
Et ça, c’est l’art que l’on a longtemps qualifié
de primitif, mais de façon méprisante, pas du tout : il
est primitif dans le sens de primal, il est donc primal au sens de populaire,
et c’est une sorte de modernité populaire. On n’a jamais
lâché là-dessus. Alors la personne qui récupère
les poubelles, des sacs, des bâtons, des bois de grève, il
colle tout ça ensemble, est en train de faire la chose la plus
ancienne, c’est la signature de l’humain sur terre, là
où un humain passe, vous allez voir un assemblage, un assemblage
artistique.(…) La condition normale des êtres humains, c’est
d’avoir une pensée sauvage. Qu’est-ce que c’est
que la pensée sauvage ? C’est une pensée libre de
bricolage, d’association. C’est une pensée d’associations
libres, donc artistique pure. (…) Nous ne vivons pas dans un monde
officiellement de pensée sauvage, on vit dans un monde de pensée
logique »
http://www.onesttousdesartistes.tv/histoire-art/bricolage
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L’art
de la liberté
Inclassable, pertinent et impertinent, libre, populaire, poétique
et politique, poignant, émouvant et dérangeant. Exigeant
et intransigeant, généreux, hors marché et marchandage,
hors normes et hors les murs dont il s’aime s’emparer pour
les transfigurer et les réinventer, les révéler au
regard, dans un dialogue sans tabou. Faisant œuvre de toute matière,
comme on fait feu de tout bois,domptant et maîtrisant toutes les
techniques, explorant avec courage des contrées inconnues, ne craignant
pas de faire rêver et cauchemarder.
Parce qu’il est l’expression du monde, de ses transformations,
de ses utopies, parce qu’il nait de la créativité
et de l’énergie de femmes et d’hommes eux mêmes
hors normes, c’est à dire littéralement humains et
émancipés des codes académiques, l’art dont
nous parlons ici est dit « singulier » parce
qu’il faut bien le distinguer du reste pour le rencontrer, le reconnaître
et le faire connaître.
Extrait du catalogue du 12ème Festival
International d’art singulier d’Aubagne – 2012
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Singulier
Le terme
de « singulier » serait apparu lors de l’exposition
« Les Singuliers de l'Art », organisée en 1978 au musée
d'art moderne de la ville de Paris.
On peut ainsi reconnaître en Gaston Chaissac (1910-1964), pour la
peinture, ou en Robert Tatin (1902-1983), pour la sculpture/architecture,
les figures tutélaires les plus importantes de ce mouvement.
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Art
Brut - Art Singulier ?
L'art
singulier est un mouvement artistique contemporain français qui
regroupe un certain nombre de créateurs ayant volontairement ou
non établi une distance avec l'art officiel. Les artistes singuliers
revendiquent une certaine spontanéité face à l'intellectualisme
des artistes établis.
«
L’art brut a été clairement défini et délimité
par DUBUFFET : les artistes qui en relèvent sont sans cultures
; ils ne rentrent dans aucun des courants artistique de l’époque.
Ils ne les connaissent d’ailleurs pas. De condition modeste, ils
vivent en autarcie et frisent le plus souvent l’autisme ou le déséquilibre
mental.
L’art singulier regroupe les inclassables qui n’appartiennent
à aucune des tendances reconnues de l’art officiel. On tente
pourtant de les situer dans des familles aux noms insolites : création
franche, neuve, invention, outsider art, art hors les normes … l’artiste
singulier a une démarche proche de l’art brut dans la mesure
où il cherche aux tréfonds de lui même un retour aux
sources de l’humanité voire à la sauvagerie primitive.
Il peut être autodidacte, cultivé et instruits, mais sait
prendre une distance totale par rapport à cet acquis. Il peut être
ouvert et communicatif mais il quand il créé, il se retire
dans son ile et se montre allergique a toute influence extérieure
allant jusqu’à prendre à contre-pied le « bon
gout » du moment.
Certes, les tenants de l’art officiel se laisse davantage séduire
par les élucubrations conceptuelles que la défonce primitive
des singuliers d’autant que ces derniers indisposent souvent par
leur anticonformisme forcené, leur rejet d’un pouvoir culturel,
leur sens aigu de la dérision et de la provocation. Ils construisent
pourtant un vivier particulièrement riche et une garantie pour
que l’art ne sombre pas dans l’hermétisme et la morosité.
»
Jean-Jacques
PETTON, extrait du Catalogue de l’exposition Brut de Pinsé
2004
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Instinct
"Je
travaille d'instinct. Je représente ce que je ressens. Je ne réfléchis
pas. Je fais ce que je dois faire. Mes oeuvres ne naissent pas de mon
esprit. La créaton est tributaire de mes émotions."
Niki
de Saint Phalle
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Air Frais
L’art singulier est un courant d’art contemporain qui amène
de l’air frais. Il ne se laisse pas réduire à une
définition claire et établie. Il a pourtant quelques liens
à l’art brut, l’art en marge, l’art cru …
Très ancré dans un vécu émotionnel et fantasmatique
du créateur, il promeut la personne face aux réductions
institutionnelles et interpelle de façon vivante le monde établi
de l’art.
Un artiste singulier est un créateur en général autodidacte,
en lien plus ou moins distant avec les circuits de l’art et ceux
de l’expression culturelle établie.
Mu par une impérieuse nécessité d’expression,
il utilise des techniques et des moyens souvent originaux. Il crée
pourtant pour des destinataires, des spectateurs, des humains dont il
imagine que sa création les regarde et les concerne.
Un artiste singulier est parfois motivé dans sa création
par des situations de vie particulières : marginalité, maladie,
handicap, bouleversement affectif.
Il attache plus d’importance à répondre, souvent dans
l’urgence, à l’élan expressif qui l’anime,
qu’aux canons esthétiques de tel ou tel médium, style
ou norme sociale.
ECARTS
(Espace Contemporain d’ART Singulier CH – Genève)
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